Projet "Vers une eau pure" : l'eau du robinet innove !
Les priorités du SEDIF, depuis un siècle, visent la sécurité des approvisionnements, la santé des consommateurs, la qualité de l’eau et le service rendu. Ces objectifs sont rendus possibles grâce à l’évolution des installations à un coût économiquement acceptable en utilisant les meilleures techniques disponibles, comme le demande le Code de l’environnement.
Depuis sa création en 1923, c’est une volonté constante du SEDIF. Les progrès technologiques ont permis de franchir un palier technique fort :
- en améliorant la sécurité et la qualité de son eau, grâce à sa première unité de nanofiltration dans l’usine de production d’eau potable de Méry-sur-Oise 1999 ;
- en étant à la pointe notamment dans la lutte contre les pesticides, les produits phytosanitaires et les déchets chimiques présents dans l’eau des rivières et fleuves – appelées aussi eaux de surface – en menant de façon volontaire des actions préventives en complément des mesures curatives qui s’imposent.
La meilleure technique disponible : la filtration membranaire
Les récents débats autour des « polluants éternels » (les PFAS notamment) en sont une illustration supplémentaire, comme la question des pesticides en général. Le Service public de l’eau ne peut que constater la présence de micropolluants dans les eaux de surface, avant leur traitement.
Si sa responsabilité est certes curative, son devoir est de tout mettre en œuvre pour limiter la transmission de cette pollution dans l’eau potable produite. Les mesures indiquent que les filières actuelles de traitement des trois usines principales de production de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et de Méry-sur-Oise (Val-d’Oise), pourtant complètes (décantation, filtration sur sable, ozonation, filtration sur charbon actif en grains), ne peuvent retenir certains pesticides, que les progrès de l'exploration scientifique mettent au jour.
C’est pourquoi le SEDIF ambitionne de mettre en œuvre la technologie de filière membranaire haute performance, afin de retenir toujours plus de micropolluants, résidus médicamenteux et autres perturbateurs endocriniens.
Le projet en 4 minutes
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Débat public sur l’eau potable en Île-de-France : découvrez en quatre minutes le projet du SEDIF
Premier service public de distribution d'eau potable en France, le Syndicat des Eaux d'Île-de-France alimente 133 communes et 4 millions d'usagers.
Afin de produire chaque jour 775 millions de litres d'eau du robinet, il puise quasi exclusivement dans des eaux de surface depuis ces trois usines principales : dans la Seine à Choisy-le-Roi, dans la Marne à Neuilly-sur-Marne et dans l'Oise à Méry-sur-Oise.
Sous l'effet de l'activité humaine, l'eau brute de ces cours d'eau contient un certain nombre de polluants dont les micropolluants (pesticides, microplastiques, résidus médicamenteux, perturbateurs endocriniens comme les perfluorés…).
Bien que l'eau potable distribuée par le SEDIF soit conforme aux seuils sanitaires aujourd'hui en vigueur, les filières de traitement de ses usines de production ne permettent pas encore d'éliminer au maximum ces substances.
Pour améliorer et sécuriser la qualité de l'eau du robinet le SEDIF souhaite répondre à trois objectifs.
- Un objectif sanitaire en retirant un maximum de molécules indésirables comme les pesticides et leurs métabolites, les perturbateurs endocriniens, les microplastiques ou encore les résidus médicamenteux présents en faible concentration mais pouvant impacter la santé des usagers ; en respectant constamment la réglementation et en appliquant les principes constitutionnels de prévention et de précaution au regard d'un manque de recul scientifique sur les effets combinés des molécules.
- Un objectif environnemental en abaissant la dureté (projet : 8 à 10 degrés français) pour diminuer la consommation de produits d'entretien chez les usagers, en améliorant le goût et en réduisant voire supprimant le chlore pour inciter à abandonner la consommation d'eau en bouteille plastique.
- Un objectif économique et énergétique en distribuant une eau moins calcaire pour permettre une réduction de la consommation d'énergie à l'échelle du territoire, sans changement de comportement selon l'étude du cabinet In extenso. Ce gain viendrait compenser l'énergie supplémentaire nécessaire au fonctionnement des unités membranaires et en limitant l'entartrage pour allonger la durée de vie des appareils électroménagers.
Pour répondre à ce triple objectif, le SEDIF souhaite insérer dans ses usines, à l'horizon 2030, une filière de filtration membranaire haute performance.
Concrètement, en passant à travers des membranes, l'eau se divise entre :
- une fraction d'eau potable de grande qualité représentant 85 %, le perméat, suffisamment minéralisé pour être consommé ;
- une fraction contenant les sels et les micropolluants initialement présents dans le milieu naturel représentant 15 %, le concentrat. Après traitement, le concentrat serait rejeté dans les cours d'eau sans ajout d'aucune substance issue du traitement de l'eau.
Le SEDIF prévoit également la création de deux liaisons électriques souterraines de 225 kilovolts à Choisy-le-Roi et Neuilly-sur-Marne, pour relier les unités de production à des postes haute tension de RTE, le réseau de transport d'électricité. Ces travaux électriques permettront de disposer de la puissance suffisante pour faire fonctionner le nouveau procédé.
Ce projet industriel représenterait un investissement de 870 millions d'euros qui entraînerait une augmentation de la part eau potable sur la facture estimée entre 30 et 40 centimes pour 1 000 litres.
Conformément au Code de l'environnement, le SEDIF et RTE ont saisi la Commission nationale du débat public compte tenu du montant du projet. Le public est dès aujourd'hui invité à prendre part au débat public sur l'eau potable en Île-de-France qui se déroulera du 20 avril au 20 juillet 2023.
Pour en apprendre plus sur le projet, son origine et ses impacts, le SEDIF et RTE ont élaboré plusieurs documents d'information tels que le dossier de présentation du projet et sa synthèse, des annexes et infographies. Vous les retrouverez sur le site de la Commission nationale du débat public qui vous permettra également de prendre part aux débats : www.debatpublic.fr/eau-potable-idf
Une innovation aux bénéfices multiples
Par ailleurs, il souhaite sécuriser l’alimentation électrique de ses usines principales, qui sont des équipements d’importance vitale.
Le Syndicat a donc demandé à RTE – le Réseau de transport d’électricité – l’étude du raccordement, dans le cadre de sa mission de service public de raccordement de tout client au réseau de transport d’électricité. Ces nouveaux raccordements permettront dans tous les cas d’améliorer la fiabilité électrique du processus de traitement de l’eau. Et si le projet d’amélioration de la qualité de l’eau potable se réalise, de couvrir aussi l’augmentation de consommation électrique.
À la vision anticipatrice qui a toujours été celle du SEDIF s’ajoute désormais la quasi-obligation d’agir, consacrée par différents textes, comme les directives européennes, concernant :
- les seuils de qualité existants et les nouveaux paramètres à prendre en compte pour la sécurité de l’eau potable ;
- la liste de vigilance couvrant les substances comme les perturbateurs endocriniens qui constituent un sujet de préoccupation sanitaire ;
- la restriction/interdiction d’usage des pesticides sur toutes les eaux de surface jusqu’à trois mètres des berges ;
- la consommation de produits en plastique à usage unique, et l’objectif de réduire de 50 % le nombre de bouteilles en plastique mises sur le marché d’ici à 2030 en France.
Moins de chlore et moins de calcaire
À noter que cette technologie permettra également de limiter le goût de chlore souvent reproché à l’eau du robinet, et la teneur en calcaire de l’eau distribuée. Cela se traduit sur les appareils électroménagers des usagers, par une diminution de la consommation de détergents et de filtres individuels, une meilleure performance énergétique et une durée de vie rallongée – espaçant les besoins de remplacement.
Autant d’économies bienvenues pour le budget des ménages, en contrepartie d’un surcoût pour l’usager sur sa facture d’eau à l'horizon 2030-2031, qui est estimé entre 30 et 40 centimes d’euro par m3 facturé, ce qui correspond à 3 à 4 € par mois pour un foyer. En parallèle de cet investissement innovant au bénéfice de la santé publique, le SEDIF poursuit la modernisation de son patrimoine à hauteur d’1,6 milliard d’euros, sur 10 ans. Cela se traduit entre autres par la poursuite de la réduction des pertes d’eau sur son réseau de distribution long de 8 000 km.
Une mission de service public
Ne pas entreprendre cette lutte contre les pollutions contenues dans les eaux brutes alors que des solutions techniques existent, pour un coût désormais accessible et maîtrisable, constituerait un manque de respect par le SEDIF de ses obligations de mission de service public.
De plus, il pourrait être accusé de ne pas avoir respecté l’application des principes de prévention et précaution, principes consacrés par la Constitution. Le Service public de l’eau a pour ambition, non seulement d’être parmi les précurseurs de l’application des réglementations transposant la directive européenne « Eau potable » du 16 décembre 2020, mais aussi de les anticiper pour préserver la santé actuelle et future de ses millions d’usagers.
"Ça coule de source" - sur LCP
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« Ça coule de source » : Pesticides : des membranes pour filtrer l'eau du robinet
Voix-off
En avril 2023, des traces de chlorotalonil sont repérées dans nos réseaux d'eau potable, un pesticide interdit par l'Union européenne depuis 2020 car potentiellement cancérigène pour l'homme.
Mais alors comment ce polluant s'est-il retrouvé dans nos robinets ? Quelles sont les solutions pour garantir la pureté de l'eau ? Pour mieux comprendre, nous avons rendez-vous à Méry-sur-Oise dans l'une des usines de production du Syndicat des Eaux d'Île-de-France. Ici la ressource c'est la rivière.
Prise de parole d'Adrien Richet, ingénieur filière haute performance au SEDIF
On est dans un espace qui est assez naturel, avec des arbres, avec aussi des oiseaux, des poissons. Ce qu'on voit moins, c'est que cette eau-là contient des milliers de substances différentes, des pesticides, des fongicides, des résidus de médicaments.
Voix-off
Pour traiter les eaux, toutes les usines ne filtrent pas avec le même degré de précision. D’où les traces de pollution chez certains consommateurs. Mais à Méry-sur-Oise, la technologie utilisée est réputée pour son efficacité ! Il s'agit de la filtration membranaire.
Prise de parole d'Adrien Richet, ingénieur filière haute performance au SEDIF
A l'intérieur des tubes qu’on voit, il y a donc la membrane. On va pousser l'eau à travers cette membrane et se retrouver dans le petit interstice, faire tout le tour comme ça et arriver dans le collecteur central. Alors on est sur des tailles qui sont 10 000 à 100 000 fois plus petit que l'épaisseur d'un cheveu.
Voix-off
Un système ultra performant mais qui a des limites. En plus d'être énergivore, 85 % de l'eau prélevée est envoyée dans le réseau d'eau potable et les impuretés rejetées dans la rivière.
Prise de parole d'Adrien Richet, ingénieur filière haute performance au SEDIF
On va pouvoir produire 120 à 140 000 m3 par jour d'eau. C'est la consommation de 800 000 habitants.
Voix-off
D'ici trois ans, des membranes encore plus performantes vont être installées. Et ce n'est pas tout. Le Syndicat des Eaux d'Île-de-France va investir près de 900 millions d'euros pour équiper deux autres usines avec cette même technologie et alimenter ainsi 4 millions d'habitants.
Débat public : le SEDIF poursuit son projet
Le débat public sur l’eau potable en Île-de-France s’est déroulé sous la forme de 48 événements, du 20 avril au 20 juillet 2023. Le SEDIF et RTE remercient le travail réalisé par l’équipe du débat et saluent la variété des outils mis en place pour informer le public et recueillir ses observations.
Le SEDIF retient tout particulièrement :
- une attente d’actions fortes et coordonnées en faveur de la prévention de la pollution de l’eau au niveau national, soulignant le rôle prépondérant de l’État et des politiques publiques dans la gestion de la ressource en eau ;
- une volonté de coordination de la gestion de l’eau potable à l’échelle de l’Île-de-France ;
- la nécessité de renforcer l’implication et la participation des usagers dans le suivi du projet .
Au terme du débat et à la lumière des contributions des participants, dans le contexte actuel d’inquiétude croissante sur la présence de micropolluants dans l’eau du robinet, le SEDIF sort renforcé dans sa volonté de fournir à ses 4 millions d’usagers une eau de la meilleure qualité possible.
Le rapport - en téléchargement ci-dessous - a été voté à une très large majorité (85 pour, 3 contre) lors du Comité syndical du 16 novembre dernier.
C’est l’objet de son projet de généralisation de filtration membranaire haute performance qu’il entend poursuivre afin de protéger la santé des usagers sans attendre que des politiques publiques de préservation de la ressource en eau aient été déployées par les autorités compétentes et portent leurs fruits.
Dans un document de 48 pages, les porteurs de projet compilent les réponses apportées aux 15 précisions/recommandations (dont 4 concernent également l’État) qui leur ont été adressées par la CNDP, relevant à la fois d’enjeux sanitaires, environnementaux, socio-économiques, de gouvernance, mais aussi d’information et de participation du public. Ils n’apportent pas de réponse aux recommandations et demandes de clarification adressées spécifiquement à l’État qui se prononcera sur celles qui relèvent de son champ.
Débat public : du 20 avril au 20 juillet 2023
Supports d'informations du projet pendant le débat
Campagnes d'impact du rejet de Méry-sur-Oise
Soucieux de l’impact des rejets de ses usines sur les milieux récepteurs, le SEDIF mène, depuis 2019, des campagnes avec le laboratoire Biomae pour évaluer leurs impacts. En toute transparence, le SEDIF rend public les résultats des 3 campagnes réalisées en 2019, 2022 et 2023 sur les rejets de l’usine de Méry-sur-Oise.
Cette usine est actuellement la seule du périmètre du SEDIF dotée d’un procédé de traitement membranaire, la nanofiltration. Les trois campagnes mettent en évidence l’absence d’impact toxique marqué (peu ou pas d’effet sur le milieu). Plus spécifiquement, le rejet du concentrât de l’unité de nanofiltration ne semble pas avoir d’impact sur la bioaccumulation en substances par les gammares (crustacés utilisés comme témoins de l’étude). Le SEDIF s’engage à poursuivre ces évaluations pour confirmer l’innocuité de ses rejets.