Rapport Anses: l'eau du robinet peut être consommée sans risque

Dernière mise à jour :  vendredi 14 avril 2023

Le 6 avril dernier, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) publiait les résultats de campagnes de mesure réalisées dans les eaux destinées à la consommation humaine entre 2020 et 2022 sur des composés émergents, dont des métabolites de pesticides (les pesticides épandus se transforment dans l’environnement, pour former de nouvelles molécules appelées métabolites).

Il conclut que le métabolite R471811 du Chlorothalonil, un fongicide interdit depuis 2020, est la molécule la plus fréquemment mesurée dans les eaux destinées à la consommation humaine qui ont été analysées. Le métabolite a été retrouvé dans 57 % des échantillons, et dans 34,1% des cas, sa concentration était supérieure à la limite de qualité de 0,1 µg/L.

 

La réglementation française fixe une limite de qualité de 0,1 µg/L par pesticide ou par métabolite pertinent et de 0,5 µg/L pour la somme des concentrations des pesticides et des métabolites pertinents mesurés. Toutefois, à l’inverse des autres limites de qualité déterminées sur des bases sanitaires, celle des pesticides a été fixée sur des considérations environnementales. La diversité des pesticides et de leurs métabolites fait que chaque molécule a un seuil sanitaire différent.

Aucune crainte pour la consommation de l'eau du robinet

C’est cette valeur, la valeur sanitaire maximale ou Vmax, qui est utilisée par les autorités sanitaires pour gérer les situations de dépassement de la valeur de 0,1 µg/L. Ainsi, si la concentration mesurée dans l’eau destinée à la consommation humaine est supérieure à la limite de qualité de 0,1 µg/L, mais inférieure à la Vmax, l’eau peut continuer à être consommée sans risque pour la santé, mais des actions doivent être entreprises par le distributeur d’eau pour que l’eau distribuée redevienne conforme.

 

Pour le métabolite R471811 du Chlorothalonil, l’Anses n’a pas été en mesure d’établir une Vmax. Dans l’attente de l’examen des données disponibles, les autorités sanitaires ont résolu d’utiliser une valeur déterminée par les autorités allemandes, appelée valeur sanitaire transitoire (VST). Cette valeur est de 3 µg/L.

 

Les ressources en eau en Ile-de-France, à l’instar du reste du pays, sont contaminées par le Chlorothalonil R471811. Les concentrations mesurées aux prises d’eau des principales usines de production d’eau potable du SEDIF sont de l‘ordre de 0,4 – 0,5 µg/L dans la Marne et l’Oise, voire de 0,6 µg/L dans la Seine. Les filières conventionnelles dont sont équipées les usines, bien que complètes et très performantes, ne permettent pas de retenir cette molécule, dont les concentrations mesurées dans l’eau produite sont sensiblement équivalentes à celles mesurées dans la ressource.

Membranes - Méry
L'usine de Méry est équipée depuis 1999 d'une unité de nanofiltration.

L'efficacité de l'unité membranaire de l'usine de Méry

Toutefois, l’usine de Méry-sur-Oise dispose également d’une filière membranaire qui se montre très performante pour retenir le métabolite du Chlorothalonil.

 

L’utilisation du pesticide dont est issu le métabolite est interdite en France depuis 2020. Il n’est donc plus possible de mettre en œuvre de solutions préventives pour retrouver des concentrations dans l’eau distribuées inférieures à la limite de qualité de 0,1 µg/L. Le projet « Vers une eau pure, sans calcaire et sans chlore » porté par le SEDIF, prévoit d’implanter à l’horizon 2030 – 2032, des filières membranaires sur ses trois usines principales. Cette nouvelle barrière devrait permettre de retenir le Chlorothalonil R471811, et beaucoup d’autres micropolluants - comme le S-métolachlore ou le Métaldéhyde - et de distribuer une eau parfaitement conforme à la réglementation.

 

Ce projet fait l'objet d'un débat public, organisé sous l'égide de la CNDP, du 20 avril au 20 juillet 2023.